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vendredi 22 juillet 2011

ENVIRONNEMENT EN PERIL AU MALI

 L’ASSECHEMENT DU FLEUVE DEVIENT UN DANGER EMINENT POUR LA VIE AU MALI
         L’assèchement du fleuve est une menace réelle pour la vie. Le phénomène est préoccupant pour la simple raison que les fleuves Niger et Sénégal sont les deux poumons de l’économie Malienne. Une économie basée sur l’agriculture, l’élevage, la pêche et aussi la navigation fluviale. Si ces deux fleuves sont menacés, c’est l’avenir qui est en jeu. Pourtant, les causes de ce phénomène sont humaines et naturelles à la fois selon le milieu.
le lit du fleuve bouché
       Les humains mènent des actions qui favorisent l’assèchement du fleuve à Bamako par la construction de bâtiments ou autres joyaux au bord du fleuve. Surtout L’emplacement du monument du cinquantenaire du mali. Un projet étatique tombé dans les oubliettes. C’est un édifice mesurant 100 mètres de long avec une envergure de 70 mètres qui devrait être théoriquement  réalisé sur une plate-forme de 30 000 mètres carrés. L’Etat ne choisit d’autre espace que le lit même du fleuve. Pourtant le forum des organisations de la société civile malienne avait organisé une rencontre à la cantine de l’Ecole Normale Supérieure le 26 août 2010, pour s’opposer au lieu choisit par le gouvernement pour ériger le monument du cinquantenaire du Mali. Le slogan était claire et net : «  Oui au Cinquantenaire, mais non à la perturbation écologique du fleuve par la pollution, la destruction de l’habitat, l’occupation du lit majeur, la perte de la biodiversité… ». Selon certains participants: « Remblayer trois hectares dans le lit majeur du fleuve, en vue d’y réaliser un monument, dépasse notre entendement ». Malheureusement, leur lutte reste vaine car le mal est déjà fait. L’espace en question ressemble plutôt à un terrain de foot. Pourquoi ? 
        Selon le Président de la république, c’est un projet très cher pour le Mali. Il a éclairci la situation pendant le « Baro » annuel que l’ORTM organise à son attention. Pendant cette interview, le Président a affirmé que ce monument était très cher et que l’Etat Malien aurait d’autres chats à fouetter. N’avait-il pas entendu les critiques de la société civile à ce sujet ?

          Il y a beaucoup d’autres actions positives que l’état pouvait réaliser pour couronner les festivités du cinquantenaire, telles que : l’élimination des plantes qui encombrent le lit du fleuve Niger. Ces plantes et arbres forment toute une forêt en plein cœur du fleuve s’étendant de Djicoroni para au quartier du fleuve. Si seulement le gouvernement avait enlevé ces plantes sous le signe de « l’eau pour tous dans cinquante ans ».  

la maquette du monument arrachée
           La construction des hôtels et autres bâtiments au bord du fleuve est une catastrophe écologique. Nous voici en face d’un autre fait à la mode de même taille que le précédent. L’hôtel El farouk, est érigé à l’un des endroits les plus profonds du fleuve. Combien de tonnes de terre et de pierre ont servi à boucher cette partie du fleuve pour en faire un espace de loisir ? Un peu plus devant, à l’autre coté du pond des martyres, s’étend un autre hôtel du même groupe hôtelier (Laico). De surcroit, les riches et certains responsables de ce pays mènent des projets de destruction de l’écosystème, ils détruisent le rivage pour construire les maisons de leur rêve. « Un jour viendra, le fleuve ne ressemblera plus qu’à un cours d’eau bordé de bâtiments et d’hôtels » se lamente un vieux du quartier. Selon B. T. (un bozo que nous avons interrogé à ce sujet chez lui au bord du fleuve à Badala est), « les riches personnes et les responsables de ce pays nous ont déguerpie de tous les espaces que nous occupions avant pour en faire des bâtiments, des hôtels, ou autres espaces de loisirs. C’est un signe de la fin du Monde car ils participent à l’assèchement du fleuve. Moi en particulier, je vis à Bamako depuis 1970. Mais le constat est amère, car le lit du fleuve se rétrécie du jour au lendemain soit par des humains ou par la nature ».
     Les égouts dégradent et polluent le fleuve. Les égouts emportent avec eux des milliers de sachets en plastique qui à leur tour s’entassent et forment un dépotoir dans le lit du fleuve. Au fur du temps le courant d’eau l’évite et trouve un autre passage. C’est ainsi que le fleuve s’enfuit de sa demeure habituelle. A Sokoniko, selon B.T., « quand vous vous baignez maintenant, vos pieds ne se posent que sur des sachets en plastique. Il  y a dix ans personne ne pouvait s’aventurer dans ces eaux, maintenant on peut le traverser en marchant. Les ordures venant des égouts ont encombré le lit du fleuve ».  

une forêt au cœur du fleuve


          En plus des humains, la nature aussi participe à l’assèchement du fleuve. Le ruissellement des eaux de pluies vers le fleuve emportant tout sur son passage tels que la boue, les cadavres d’animaux, les troncs d’arbres coupés, et autres déchets. Tous ces débris encombrent le lit du fleuve et participent à l’assèchement du fleuve au fil du temps.
L’ensablement galopant au nord du Mali est aussi inquiétant que les autres phénomènes ci-dessus cités. Ce phénomène est caractérisé par l’avancé du sable vers les habitations, les affluents fluviaux, Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), « l’ensablement désigne tout envahissement par des grains de sable, aboutissant à l'accumulation de sable et/ou la formation de dunes ». Quand aux experts en la matière, Il se manifeste par « l’action de l’érosion hydrique qui détruit les berges. Le matériau érodé composé  de sable et de limon est à l’origine du comblement du lit du fleuve et de sa vallée, l’action des pluies diluviennes qui transportent le sable de la zone exondée vers la vallée, comblant les berges et empêchant toute remontée de l’eau dans les oueds et enfin l’action éolienne qui transporte le sable dans le fleuve et sa vallée ». 

le sable bouffe le lit du fleuve au nord du Mali
            Les fleuves Niger et Sénégal sont les deux veines principales de l’économie du Mali, leurs diminutions  est une catastrophe pour l’irrigation agricole, la pêche, le transport fluvial. C’est l’économie nationale qui est en jeu. Que fait donc le gouvernement pour faire face à l’assèchement du fleuve ? A suivre.

                                                                                  Djibril Elhassane TRAORE

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