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dimanche 9 octobre 2011

MALI : LE MINISTERE DE LA SANTE INTERPELLE


 Bamako : Le « cimetière » du quartier mali a englouti une victime crue.
         C’est cette appellation de « cimetière » qui convient désormais au Centre de Santé de Référence du Quartier-Mali (CSR). Le refus catégorique des agents de santé a causé la mort cruelle de Monsieur SYLLA après un accident à 100 m de ce même centre.

        Un centre crée en 1982 et qui fût une « terre promise » pour la population de Bamako et notamment les quartiers de Sabalibougou, Baco Djicoroni, Daoudabougou, Quartier-Mali et de Torokorobougou. Renommé pour la qualité de soin de ses agents d’antan, le centre fût une résidence de luxe pour les malades. La qualité de l’accueil, l’attention des agents de santé, les médecins, les internes, les sages-femmes, tout le Monde faisait son travail convenablement. Un centre réputé pour sa rigueur et le travail bien fait de ses agents. Selon certains témoins, « même si tu n’avais pas d’argent, l’accueil simple suffisait pour te soulager de ton mal au moins pendant un moment ». La confiance de certains malades au personnel du centre était telle qu’ils refusaient souvent d’aller aux Hôpitaux Point G et Gabriel TOURE même sur recommandation du médecin traitant. C’était l’époque des professionnels au service de la population.
       Mais, de nos jours, la médiocrité a gagné le terrain. Il y a de cela une semaine, Monsieur SYLLA, hôtelier, venait de rendre visite à son meilleur ami. De retour chez lui au quartier mali, il fait un accident tout prêt du Centre de Santé de Référence.
- « Quelle chance !!! », pour les plus optimistes. Puisqu’il est tout prêt de l’Hôpital. Ils rêvent tous : C’est n’est pas un Hôpital, mais un « cimetière ». Vous conviendrez avec moi, chers lecteurs, par la suite de cette Histoire.
    Les urgentistes, ou plutôt les « démons », sont vite informés que le bruit qu’ils viennent d’entendre est celui d’un accident à la porte et que la victime, un homme de 26 ans, est en mauvais état. Que furent la surprise des jeunes au centre: les fameux urgentistes sont en train de jouer à la dame. Oui, vous avez bien entendu, jeu de dame à l’hôpital. De surcroit, ils refusent catégoriquement de secourir le blessé grave qui git à deux pas du centre. Ils avancent l’argument bidon que ce sont les sapeurs-pompiers ou les secouristes qui doivent amener les blessés à l’Hôpital. Mais, ils oublient que cette fois ci, le blessé se trouve déjà à l’Hôpital. Il suffit d’un brancard et quelques volontaires pour l’acheminer aux services d’urgences. Les jeunes, les vieux, les notables, tout le monde a intervenu en vain, personne n’est sortie du centre pour voir le blessé, à plus forte raison lui apporter les soins indispensables à sa survie.
Cher lecteur, retenez vos larmes, Monsieur SYLLA est décédé sur place à la suite de ses blessures. La population du quartier mali a manifesté son mécontentement en allant jusque chez le maire. Mais, comme on a coutume de le dire, c’est le Mali.
     Le Centre de Santé de Référence (CSR) du Quartier-Mali n’est plus que l’ombre de lui-même. C’est un lieu de business pour les médecins, les sages-femmes, les secrétaires, les fameux internes (composé de médiocres étudiants stagiaires ou d’élèves infirmiers sans expériences), bref…, tout un ensemble de merdes qui forment une équipe de démons prêts à sucer le sang des malades depuis la porte d’entrée. Les gardiens et le personnel d’accueil ne laissent personne entrée sans payer le « prix du thé », ou plutôt le ticket. Même si le patient est en agonie, il prend le ticket avant d’entrée. Un système introduit pour encore piétiner les pauvres malades. A l’intérieur, après une césarienne, aucune sage-femme ne touche à la patiente sans le paiement d’un montant connu de toute, de 15.000 à 20.000 selon que l’intéressé soit riche ou pauvre.
      Monsieur TRAORE raconte sa mésaventure avec la secrétaire qui saisit les actes de naissances. Ce jour-là, il se trouve parmi tout un monde en attente devant son bureau. Plus d’une demi-heure, personne ne rentre, personne ne sort. « C’est n’est pas normale », se dit-il. Il se renseigne : « la secrétaire est-elle présente ?» Oui !!! Lui répond les quelques désespérés et impuissants en attente depuis plus d’une heure. Soudain, il tape à la porte de la secrétaire plusieurs fois. Personne ne répond, finalement, il rentre. Qu’est-ce qu’il voit ? La petite nana bien bronzée par les produits cosmétiques est en train d’écouter la musique à partir de son téléphone portable, et en même temps elle joue à la carte sur l’ordinateur. Raison pour laquelle, elle n’entend personne taper à sa porte, et elle ne pense plus aux patients. Monsieur TRAORE n’a pas pu se ressaisir, il insulte la fille et crie sur elle pour la corriger. Elle s’exécuta sur le champ et tout le monde fut servi presque « manu militari ».
    Pour le cas de Madame TOURE, après avoir acheté des médicaments à plus de cent mille francs, son mari décède. Après les formalités pour déposer le corps à la morgue, elle cherche le reste de ses médicaments en vain. Qui l’a pris ? L’infirmière et le médecin traitant l’ont égaré pour vendre à d’autres patients. Elle s’en est aperçu, mais remet tout à Dieu pour le repos de l’âme de son mari. Elle rentre à la maison seule, car sans son époux, avec toutes les peines du Monde.

     Cher lecteur, au Mali, la médiocrité commence depuis le haut sommet. Ce qui nous laisse dire qu’« au lieu d’accuser là où tu es tombé, il faut plutôt accuser là où tu as trébuché ». Si le Centre de Santé de Référence du Quartier-Mali est pourri aujourd’hui, c’est la faute à nos autorités pour plusieurs raisons: l’éducation est bafouée, la corruption et l’impunité sont devenues une gangrène publique, Les recrutements ne se font plus comme ils se doivent normalement, un mal qui mettra ce pays dans la merde si rien n’est fait. Pourtant, il y a tout un ministère en charge de la santé au Mali. Mais, comme on dit en langue bamanankan à Ségou : « ni idén kèra sayé, iba siri itièla ». C'est-à-dire, si tu donnes naissance à un serpent, il faudra bien l’attacher à ta ceinture. Pas par amour, non. Mais, pour protéger les autres de sa morsure.
Djibril Elhassane TRAORE