Pourquoi
l’excision dans notre société ? Quel est l’origine de cette pratique plus
vieille que les deux religions monothéistes, l’islam et le christianisme ?
Voilà les deux questions qui attendent
encore des réponses convaincantes. « Nous ne faisons que suivre nos
ancêtres », réponse de la plus part de nos vieilles personnes. Et pourtant
il y a bien une raison.
L’excision, également appelée Mutilations
Génitales Féminines (MGF), recouvre « toutes les
interventions incluant l’ablation partielle ou totale des organes génitaux
externes de la femme ou autre lésion des organes génitaux féminins pratiquées
pour des raisons non médicales » (Définition de l’Organisation
Mondiale de la Santé).
Selon les pays, les coutumes et les ethnies,
l’excision peut prendre diverses formes: l’ablation partielle ou totale du
gland du clitoris, l’ablation partielle ou totale du gland du clitoris et des
petites lèvres, rétrécissement de l’orifice vaginal avec recouvrement par
l’ablation et l’accolement des petites lèvres et, avec ou sans excision du
clitoris (infibulation.
EN QUOI
CONSISTE L’EXCISION ?
Au Mali dans certaines régions, la pratique
consiste à enlever partiellement ou totalement le gland du clitoris. Le but est d’empêcher le gland du clitoris de s’allonger en débordant les deux lèvres
supérieures ou en formant une sorte de « pénis » suspendu au dessus
du vagin.
Ce qui gênait beaucoup d’hommes. Puisque chez certaines femmes, le clitoris
peut atteindre plusieurs centimètres de longueur avec l’âge.
Dans d’autres localités du Mali c’est l’ablation
partielle ou totale du gland du clitoris
et des petites lèvres. Les deux lèvres inferieures ont tendance à dépasser les
deux supérieures. Alors, on coupe une partie des lèvres en plus du gland du clitoris.
Embellir l’apparence du sexe féminin
en enlevant les impuretés, c’était la mentalité des gens à l’époque.
Ils ont donc jugé nécessaire de rendre la femme propre en lui enlevant une
partie du clitoris ou des lèvres inférieures.
ORIGINE
DU MOT EXCISION EN LANGUE BAMANANKAN
Dans la langue Bamanankan, on peut connaitre
l’histoire ou l’origine d’un mot à partir de sa
formation et prononciation. L’excision signifie an langue bamanankan « bolokoli »,
qui veut dire en Français terre à terre nettoyage de la main, « bolo »
signifie la main et « koli » signifie lavage. Il y a eu une autre
appellation après l’arrivée de l’islam qui est « salidjiladon »,
valable pour la circoncision et l’excision. « Sali » signifie prière,
« dji » signifie l’eau, « ladon » signifie initiation, donc
en un mot, initier quelqu’un à se purifier avec de l’eau comme on le fait avant
de prier. D’où l’idée de rendre la femme propre avant le mariage. Voilà
l’origine des mots « bolokoli » ou « salidjiladon ».
L’EXCISION
N’A RIEN A VOIR AVEC L’APPETIT SEXUEL DE LA FEMME
Il ne s’agissait pas de diminuer l’appétit
sexuel d’une femme, loin s’en faut ; l’objectif est de la rendre encore
plus belle une fois nue devant son mari. La beauté étant culturelle, l’homme était
sans doute gêner ou même inerte devant une femme possédant un « petit
pénis ». Ce n’était pas une fierté féminine, d’où la pratique.
Il y a plusieurs formes d’orgasmes et zones érogènes chez la femme. La
plupart des femmes atteint assez facilement l'orgasme clitoridien, tandis que
d’autres atteint aussi l'orgasme par la stimulation du vagin, la pénétration.
N’oublions
pas le point G (ou point de Grafenberg) qui est aussi le nom d'une zone
du vagin, réputée extrêmement érogène et dont la stimulation amènerait presque
systématiquement un orgasme. Il a la forme d'une petite boule palpable de moins
d'un centimètre de diamètre qui augmente de taille lors d'une stimulation.
L’ablation
du clitoris ou des lèvres inférieures n’avait donc pas pour raison de diminuer
l’appétit sexuel de la femme, mais plutôt d’encourager l’homme à s’y aventurer.
EXCISION
ET FIDELITE
La femme n’avait pas besoin d’être exciser
pour être fidèle à son mari. La fidélité lui était enseigner depuis à bas âge.
On lui apprenait à s’asseoir correctement, à se relever correctement, à marcher
correctement. « Une femme doit être vierge le jour de son mariage et
rester fidèle à son mari jusqu’à sa mort », cela lui était chanter pendant
les semaines de la noce par la vieille, appelés « magnamaka » en
langue bamanankan, qui l’accompagnait chez son mari.
Avant, le copinage entre garçon et fille
existait. Le garçon était le gardien de sa copine. Il veille sur elle jusqu’à
son mariage. Si le mari de celle-ci la trouve vierge le jour de son mariage,
c’était un honneur pour le garçon et sa famille. Les cadeaux pleuvaient de
partout de la part des parents de la fille. « Un de mes oncles m’a dit
qu’il a eu deux bœufs pendant sa jeunesse puisqu’il a su garder deux copines
successivement jusqu’à leur mariage sans les violer », témoigne Issa
Traoré.
Selon Issa Traoré : « Les jeunes garçons
quittaient de village en village pour faire le « soumou », (veillée
nocturne en français) avec leurs copines, mais, c’était juste un amour
platonique, jamais de rapport sexuel », il ajoute également que c’était
une malhonnêteté et un déshonneur de faire l’amour avec sa copine.
L’inceste ou l’adultère étaient des
contes : Telle Reine est tombé amoureuse de son valet ou telle Roi
enceinta sa servante, mais jamais de faits quotidien comme maintenant. Nos
ancêtres savaient parfaitement ce qui était mieux pour eux.
L’EXCISION
SELON LA RELIGION MUSULMANE
Les
Ulémas sont certains que ce n’est pas écrit dans le Coran. Ils font
plutôt référence à la « Sounna » (recommandation du prophète) paix et
salut sur lui (PSL). Selon laquelle le prophète (PSL) aurait un jour dit à une exciseuse:
« Si tu coupes, ne coupes pas tout ».
C’est l’argument que certains musulmans
utilisent pour l’autoriser. L’imam Sacko pense qu’au lieu de l’interdire,
l’état doit plutôt médicaliser cette pratique pour ceux qui veulent continuer à
le faire. Il ajoute également que si certaines personnes ont le droit de
devenir homosexuel pourquoi empêcher l’excision à d’autres?
D’autres pensent que l’éducation est bien
possible sans l’excision. La religion musulmane nous impose d’éduquer nos
enfants filles et garçons en les enseignant les paroles de Dieu dans le coran
et les hadiths du prophète Mouhamed (PSL) afin qu’ils ne soient pas égarés.
« A Bamako, une fille excisée non éduquée est
bien pire qu’une fille non excisée mais éduquée », constate Drissa Diallo enseignant ; « celles
qui circulent dans les boites de nuit et dans les chambres de passes sont
toutes excisées en général et musulmanes en majorité » a-t-il ajouté.
Les parents ont failli à leur devoir
d’enseignant depuis des années. « J’appelle cela la chute de la famille
au Mali. L’honneur et la dignité qui étaient les fondements de notre
société sont bafoués de nos jours », Martèle Baba Diallo.
LES
INFECTIONS ET HEMORAGIE DUS A L’EXCISION
Il faut rappeler que n’importe qui n’était
pas exciseuse et ne pouvait le devenir. Il fallait être de père et de mère
forgeron comme c’est le cas dans certaines localités de la région de Ségou.
Cela ne fait pas d’eux une ethnie inférieure, bien au contraire, ce sont des
Hommes de sciences occultes maitrisant le feu, la terre et la fabrication des
armes de guerres.
Les forgerons pratiquent l’excision ou la
circoncision à but non lucratif, mais social. C’est leur rôle dans la société
et ils en sont conscients et fier. Les exciseuses connaissent bien l’appareil génital
féminin, elles savent où, quand et comment couper. Elles connaissent aussi la
saison, le temps et le moment favorable dans la journée pour procéder à une
telle opération qui consiste à verser le sang sans provoquer un danger.
Avant de couper, elles consultent d’abord les
filles pour connaître l’état du clitoris. Ce qui les amène à ne pas couper le
même centimètre chez toutes les filles car elles n’ont pas la même longueur
clitoridienne.
Muni d’un couteau spécial qui n’était pas
forgé par n’importe qui, et des produits spéciaux à base de plantes pour
soigner la blessure, en un temps record l’opération est vite fait sans laisser
de traces néfastes à la fille.
Comme a dit Amadou Hampaté Bâ: « en
Afrique, un vieillard qui meurt c’est une bibliothèque qui brule », il ne
s’agit pas seulement des hommes, mais des femmes aussi. C’est cette même raison
qui a fait que les exciseuses spécialistes sont parti avec leur couteau et leur
savoir. En ce moment, n’importe qui pratique l’excision avec n’importe quoi,
n’importe où et n’importe quand, certaines le font même avec des lames ce qui
provoque souvent des accidents.
A force de mal faire la pratique, elle est
devenue source d’hémorragie, de fistules, de sécheresse vaginal que nos
ancêtres ne connaissaient même pas, toute sorte de maladie sexuelle est
attribuer à l’excision.
ET
MAINTENANT, QUE FAIRE ?
La pratique de l’excision ne fait plus l’unanimité au mali, cela est dû à l’effort fourni par des ONG et l’appui du gouvernement. Mais forte est de reconnaître que la majorité des Maliens le font encore, même à Bamako. Au Mali, l’excision concerne plus de 85% des femmes âgées de 15 à 49 ans. Pour inverser cette tendance, seule la sensibilisation peut aider les gens à comprendre, pas en glissant des sommes colossales aux exciseuses.
Certains pensent qu’il faut plutôt médicaliser l’excision en formant les
matrones dans les hôpitaux et Centres de santé communautaires. Le gouvernement aura
du mal à soutenir cette idée, car beaucoup d’encre a coulé, et beaucoup de
financement a été effectué pour l’arrêter.
Les temps ont changés les mentalités aussi
doivent changées, nous devons apprendre à évoluer avec le temps. La
sensibilisation doit continuer pour une réussite honorable du combat contre l’excision.
Djibril TRAORE
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